12/06/2010

Tempêtes de printemps 1er juin 2010 - école Jules Vallès



Une tempête qui se fait désirer. Nous sommes des îlots noirs dans une cour habitée. Nous sommes des palmiers plantés dans une mer de gosses. Nous sommes cœurs d’anémones sombres qu’aucune tempête n’agite encore en éparpillant leurs pétales d’enfants colorés. Des enfants qui s’égayent et s’interrogent pour l’heure. Notre silence au milieu de leurs cris, ils ne s’entendent plus, ils ne nous entendent pas encore.  Ils lèvent le doigt, ils supplient, ils se mettent à la queue leu leu, en rang, en grappe… nous les soufflons, nous n’attendons plus la tempête, elle tarde trop.

Tempête enfin, diversion.  Les enfants s’électrisent, dressent les bras dans les airs, enfin des deux mains pouvoir saisir la pluie… ils ramassent les papiers, les accumulent, les empilent, les glissent dans leurs poches, comme ces trésors des cours de récré de mon autrefois, (c’était bien l’une de mes occupations de solitaire enquêtrice que  d’arpenter ma cour à la recherche de ces égarements : bouton, élastique, bille perdue, barrette et autres menus objets) aujourd’hui des petits papiers blancs tracés de mots en jonchent une partie.

Chaque Souffleur possède sa petite cour dans la grande cour – cour qui n’est pas rassasiée d’avoir été soufflée au creux de l’oreille, encore et encore …
Ainsi tactique ? jeu ? séduction ? donnant-donnant ? certains, certaines croient que pour être souffler, être ce favori, cette favorite, ce choisi, cet élu, il leur faut nous lire à haute voix le texte et son auteur là inscrits sur la goutte de papier.
Alors écoutant leurs lectures, attentive, émue par leur effort, et surprenant parfois un poème par moi connu, je le leur offre à mon tour dans le Rossignol, comme une juste équation, la mise en équilibre d’une planche à bascule, même si moi, grande et lourde d’un côté et lui ou elle petit(e) et léger(e) de l’autre.
Une évidence : notre don réciproque nous offre la même taille.

La cloche a sonné, demeurent quelques enfants avec leur maître, il se fait souffler.


Et puis l’émotion dernière, intense, grâce à une petite fille déchiffrant la phrase courte et moi reconnaissant un mot, puis deux puis tous, dans sa lecture appliquée qui termine en prononçant mon nom, se corrigeant après l’avoir écorché – un cadeau.
Des dizaines de cadeaux de petits oiseaux nous lisant ces poèmes ce jour-là.


Hélène Lanscotte

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